Santé Mentale
Il est juste de dire que j’ai toujours ressenti pleinement la vie. Je peux être incroyablement joyeuse, et de même (souvent simultanément) ma tristesse est intense. Dans des proportions qui me submergent régulièrement, et en tant que jeune adulte, c’est devenu de plus en plus un défi. Comme vous le savez, peindre est incroyablement précieux pour moi, et je suis très reconnaissante d’avoir ça, mais à force de regarder de plus près en moi-même et en mes émotions, peindre a déclenché en moi de nouveaux niveaux de vulnérabilité. Merveilleux mais épuisant, et angoissant parfois.
C’est étrange d’écrire à ce sujet, ce sont des défis auxquels je suis confronté tous les jours et qui sont au cœur de qui je suis, et dans une large mesure de ce que je crée, mais je sais que ce n’est pas nécessairement ce que les gens imaginent quand ils me rencontrent. Je suis tout aussi réellement la personne joyeuse et enthousiaste que la plupart d’entre vous connaissent; mais ne pas partager les autres facettes de moi-même me pose problème. L’authenticité est quelque chose que j’apprécie beaucoup, et je me sentais vraiment triste de ne pas être le réelle / pleinement moi plus facilement. Mais je suppose qu’il m’a fallu l’accepter avec moins de jugement avant que je puisse oser m’ouvrir davantage à ce sujet. Je tente de m’ouvrir un peu plus ici, je suis nerveuse mais je pense aussi que c’est important, au moins pour moi. Et espérons que de moins en moins de tabous existent en matière de santé mentale.
Concrètement, il y a aussi le fait que je suis maintenant mon propre ‘patron’ dans un travail où il n’y a pas de chemin pré-écrit . Je ne sais pas encore quelle routine me conviendrait, à quel point me forcer ou me reposer et me faire confiance. Ma pratique est loin d’être linéaire. Parfois, je peins joyeusement plusieurs jours d’affilée, parfois je ne touche pas mes pinceaux pendant des semaines qui ressemblent à une triste éternité. Si je peux me forcer à peindre, la plupart du temps, cela se transforme en un cercle vertueux (mon humeur remonte, et grâce à cela, je suis d’avantage capable de voir la beauté et l’inspiration autour de moi, et je veux donc peindre plus, dans une boucle positive). Mais ce n’est pas toujours possible si les doutes sont trop présents et les monologues intérieurs négatifs : si je suis déjà dans en difficulté mentalement, la peinture me force à être connecté à mes pensées et elles ne sont pas toujours les plus douces.
Actuellement, je me sens bien mieux en comparaison à l’hiver dernier. Mais la tristesse vient encore par cycles et c’est une bataille constante. J’espère qu’au fur et à mesure que j’apprends à me connaître, je trouverai différentes façons d’y faire face. Quand il s’agit de peindre, avoir des délais et des engagements m’aide (je trouve plus facile de trouver de l’énergie « pour les autres » plutôt que pour moi). Quand je ne peux pas peindre, l’acceptation est probablement la clef. Ou peut-être que passer à des tâches moins émotionnelles / vulnérables pourrait aider, comme de l’administration/ du marketing, la préparation de toiles, peindre des nuanciers de couleurs, des études, des copies... Je cherche cet équilibre, pour que ma pratique puisse durer.
Ou peut-être qu’un jour j’accepterai tellement ces baisses de moral que je pourrai peindre même quand elles m’habitent. Et pour être honnête, j’ai commencé à explorer cela. Toutes les peintures que je présente ici sont liées aux parties les plus tristes de moi. Elles sont douloureuses à créer, difficiles à partager (j’alterne entre vouloir cacher, protéger, partager, honorer leur existence), parfois j’ai besoin de me déconnecter émotionnellement (me retirer, devenir engourdie pour ne pas être submergée) mais je sais que ces travaux sont très importants à mon cœur et je suis heureuse qu’ils existent. Et je suis très émue quand les gens y trouvent une résonance. Je suppose qu’il s’agit de célébrer l’intensité de mes émotions, qui est je crois à la source de mes œuvres les plus importantes.
Cette année, j’ai aussi beaucoup réfléchi aux idées de productivité imposées par la société et à quel point elles nous font nous sentir mal lorsque « nous ne le sommes pas ». Cela pesait définitivement sur moi, car je m’étais construit un sentiment d’identité en peignant régulièrement, et à l’inverse je me sentais sans valeur dans les périodes où je n’arrivais pas à peindre. Je refuse de continuer à y croire, la productivité comme objectif ou moyen de mesurer sa vie. Mon souhait est que l’authenticité soit célébrée. Encourager la vulnérabilité sous toutes les formes qu’elle prend. Je pense que cela se ressent quand quelque chose est authentique et je trouve que rien ne m’émeut plus qu’un travail derrière lequel on peut sentir le cœur ouvert de l’auteur. Inutile de dire qu’écrire ceci aujourd’hui est difficile, mais je crois que c’est la bonne direction. Les médias sociaux sont un endroit étrange pour tenter l’authenticité, mais je veux essayer de trouver ma voix ici, du moins à travers cette newsletter.
J’écris tout cela parce que je sais que je suis loin d’être seule dans mes difficultés. Et je crois qu’en osant tous partager nos côtés vulnérables les uns avec les autres, nous nous sentirons peu à peu moins seuls dans nos souffrances et, espérons-le, nous serons en mesure de mieux nous soutenir les uns les autres. Je suis très contente d’avoir enfin commencé un travail en thérapie. Je suis également reconnaissante pour les amitiés précieuses que j’ai faites cette année, des gens merveilleux sont entrés dans ma vie, de vieilles relations s’approfondissent. Nous apprenons à être présents les uns pour les autres dans l’inspiration, le soutien et la vulnérabilité, un écosystème bienveillant. Merci.
Donc, en conclusion oui, il me semble important de partager ce côté de moi-même avec vous. Je vais probablement continuer à écrire sur des sujets similaires au fil de mes newsletter, car j’aimerais que ces sujets ne se sentent plus tabou. Merci de m’avoir lu ♥