The Pause Before
Un blog qui s’est fait attendre ! J'avais l'intention de partager ma dernière exposition solo avec vous dès qu'elle s'est terminée en décembre, mais ensuite la vie est devenue trop dure pendant un certain temps et j'ai dû me concentrer sur des besoins très élémentaires. Alors appelons cela une rétrospective ? ;)
- Catalogue d’exposition -
J'ai présenté The Pause Before en novembre dernier à Londres, ce qui a été l'occasion de montrer mes travaux les plus récents ; de petites gouaches réalisées au cours de voyages, des études à l’huile sur papier en travaillant avec un modèle, quelques paysages et de plus grandes œuvres mêlant observation et imagination. C’était aussi l’occasion d’expérimenter en encadrant d’une manière très personnelle : et c’est ce que j’espère partager avec vous ici !
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je ne peux pas vous dire à quel point je suis reconnaissante pour le soutien que j’ai reçu, et particulièrement lorsque Kayoon m’a proposé de m’aider pour la curation et l’accrochage. Je ne suis toujours pas très douée pour demander de l’aide, alors recevoir cette offre spontanée et généreuse a été si précieux. Cela a rendu tout bien meilleur ; la nervosité a été remplacée par de belles conversations et des rires. Kayoon est une artiste merveilleuse, en plus d'être une âme incroyable, n'hésitez pas à jeter un œil à son travail si vous ne l'avez pas encore vu !
J'étais également très reconnaissante envers tout le monde à l'Islington Arts Factory, où se trouve l'espace de la galerie. Un centre d'art très spécial à Londres, rempli de gens formidables.
Et un immense merci à chacun.e d'entre vous qui est venu ou m’a envoyé ses voeux, j'ai vraiment ressenti beaucoup soutien et d’amour.
Daughter & Sea
Oil on linen, 65x40cm £850
Les enfants dans mes peintures
C’est un côté de mon travail qui m’est très intime et donc assez difficile et vulnérable à aborder (ce qui est exactement pourquoi les peintures existent !). Le motif général d'un enfant, seul sur la toile, apparaissant triste ou renfermé, est récurrent dans mon travail - ils tentent d'équilibrer la solitude par le rêve - la réalité autour d'eux se transforme en espaces imaginaires aux couleurs vives et formes apaisantes.
Ils se présentent d’abord sous la forme de petits gribouillages, recouvrant mes carnets de croquis au fil des années. Puis ils apparaîtront avec de la peinture, leurs expressions et leurs gestes changent au fil des coups de pinceaux jusqu’à trouver ce qui sonne juste.
À ce moment là, j'ai l'impression de les rencontrer correctement et mon travail consiste à prendre soin d'elleux, à respecter leur humeur, à l'accueillir et à faire de mon mieux pour leur donner de l'amour.
Ces deux-là peintures précisément ont pour point de départ des paysages de bord de mer, croqués en Normandie en juin dernier. Je suis vraiment heureuse qu’ils existent et je suis prête à peindre autant d’enfants qu’il le faudra, en leur donnant de beaucoup d’amour, un tableau à la fois.
Daughter & Sun
Oil on canvas, 100x50cm £1050
Peindre le modèle à Gordes
Comme je l'évoquais dans ma précédente newsletter, fin septembre, j'ai eu le privilège de passer une semaine entière à peeeeeindre ! Avec presque rien d'autre à penser, juste peindre peindre peindre, sous les belles couleurs de Gordes, avec pour modèle la fantastique Nathalie.
Depuis que j'ai obtenu mon diplôme, l’occasion de peindre aussi intensément est rare et je dois dire que le sentiment d'épuisement joyeux qui l'accompagne m'a manqué. J'étais si heureuse de pouvoir partager ces peintures dans l'exposition. Les croquis, les études, les petits travaux sont pour moi tout aussi importants que les plus grandes pièces, dans le sens où aucune ne pourrait exister sans les autres.
D'où le caractère précieux de créer sa propre exposition : c'est à moi de décider ce qui, selon moi, mérite d'être partagé, et ces petites peintures ont assuré !
Certaines de ces études (Dappled Light 1 & 2 et Inside the Pool 1 & 2) étaient également mes premières en acrylique, un médium que je pensais jusqu'alors « pas pour moi ». Je l'imaginais assez peut-être trop rigide et précis. J'étais très heureuse de découvrir que j'avais tort et de pouvoir m'amuser beaucoup avec, surtout dans ces esquisses au rythme très rapide. Les seuls points négatifs qui me restent pour l'instant sont les pigments que j'ai, qui me semblent un peu trop plastiques pour le moment ; j’ai hâte d’en avoir de plus chauds pour compléter ces tons froids.
Nathalie in warm light
Oil on paper 21x15cm, £120
Développer, de retour au studio
Ce que j’aime dans la peinture d’observation, ce sont tous les nouveaux départs et idées qu’elle génère, avec la possibilité de les explorer davantage plus tard. Une fois de retour en studio, je me connecte à ces graines de peinture et explore comment je me connecte émotionnellement avec elles. Il peut s'agir d'essayer de capturer une sensation (qu'est-ce que ça ferait d'être cette personne dans ce tableau ?), de la relier à mes souvenirs, ou simplement d'explorer où les formes veulent aller, à un niveau abstrait.
Sunshine, oil on linen 31x24cm, £600
Sunshine a commencé le dernier jour de ce stage. J'avais déjà épuisé l'essentiel de ma concentration, mon esprit était devenu tendu et critique. Le positif ici, c'est que je n'étais pas attachée au tableau, alors je me suis sentie libre de continuer à le peindre sans enjeux une fois de retour dans l’ « atelier » (alias van). J’ai trouvé mon déclic lorsque j'ai ajouté le geste du bras comme, me connectant émotionnellement à la pose. J’adore peindre des mains en les imaginant – le plaisir de peindre ce motif mystérieux que je ne connaîtrai jamais. Alors la voici, Sunshine.
The Faint démarré par l’observation, continué à partir de mon imagination en cherchant ce lien personnel à la pose. Ce qui m’a marqué, c’est le geste de main de Nathalie, se cachant du soleil brûlant ; et dans le contexte du tableau, cacher son visage à notre regard tandis que le reste de son corps est exposé - cela m'a rappelé des épisodes d'évanouissement, où le corps a déjà abandonné mais où l'esprit prend un peu de retard à s'éteindre et est capable de comprendre pendant quelques fractions de seconde ce qui s'est passé/est sur le point de se passer, le temps est déformé et tout se passe à la fois très lentement et d’un seul coup. Alors j'ai griffonné les deux autres silhouettes, comme si elle tombait sur elle-même.
Sun-kissed a commencé par une petite étude à l’huile sur papier (partagée ci-dessus). J'ai ensuite fait quelques traits très rapides à plus grande échelle, en peignant par-dessus un portrait assez sombre et rouge que je n'avais jamais complété. J'ai ensuite continué à peindre, parfois aidée par mon étude, ou simplement en improvisant des formes, en essayant de préserver l’énergie avec laquelle j'avais commencé. Une de ces peintures fluides qui s’assemblent facilement.
Panther est la douce somme de rêveries venant de diverses directions : un croquis à l'acrylique de cette fin d'été basé sur le souvenir d'une séance avec modèle ; mon frère pointant les formes abstraites dans le ciel du croquis, nos souvenirs communs d'une panthère bleue dans l'un des livres qui a marqué notre enfance (il s'agissait en fait d'un chien) ; le ressenti d’une énergie féline en moi, farouchement aimante et protectrice... à travers des itérations, ce tableau a été peint, et j'ai le sentiment que ce n'est pas le point final sur ce motif visuel.
Various studies, gouaches on paper 15x15cm £40 each
(Top Left, Central one, Bottom Left, and Bottom Right have sold)
Gouaches: Géorgie & France
En 2022-2023, j'ai voyagé à sac à dos pendant sept mois, avec des petits carnets de croquis et un set de gouache. C'est à ce moment-là que ces carrés ont été peints ; certains en Géorgie alors que j'étais bénévole dans la région de Lagodehki en février/mars ; d'autres dans le sud de la France où j'ai enseigné au printemps. J'ai beaucoup aimé voir leurs couleurs et atmosphères se faire écho en les réunissant. Et c'était tout aussi génial de vous voir vous connecter avec ces peintures, évoquant des souvenirs personnels, montrant à quel point ces ‘instantanés’ peuvent être universels.
À l’instar des études que j’ai présentées ci-dessus, je me sens très reconnaissante de pouvoir partager cette partie de ma pratique aux côtés des “grandes” peintures. Ces pièces sont importantes pour moi, elles me connectent au passé, aux personnes que j’ai rencontrées et lieux que j’ai visités.
Lagodekhi sofa, 15x15cm, sold
Georgian cafes, three gouaches on paper 15x15cm £40 each (left one has sold)
Deux autres peintures ont été réalisées à la gouache sur carton pendant mon séjour en Turquie. C’était une période très difficile (j’étais loin, venait de me séparer et éprouvait beaucoup d’anxiété), une époque où je ne pouvais pas beaucoup peindre mais je suis vraiment contente que ces deux-là aient trouvé leur moment.
The Wait est né sous la forme d'un gribouillage dans un de mes carnets de croquis, en me souvenant d'un de mes plus vieux souvenirs : être assise sur une chaise haute et placée dans un coin pour me concentrer sur ma nourriture au lieu d'être distraite par la vie qui m'entoure. Alors que je peins cet enfant, j'imagine son environnement qui peu à peu quitte la réalité pour glisser dans son monde intérieur.
Resting : avait commencé il y a quelques années comme un croquis de mon amie Inma - j'ai essayé de reproduire ce motif à plusieurs reprises et à cette occasion cela m'a amené à ajuster la pose plusieurs fois jusqu'à ce que je trouve cette nouvelle figure au repos, se fondant paisiblement dans les formes environnantes.
D'autres sont plus récents, comme les deux tableaux en plein air ci-dessus, dans une lumière du sud de la France où j'étais il y a six mois.
Roussillon : la maison ocre où j'ai été bénévole en septembre pour aider une famille à restaurer sa maison. Pour cette peinture, j'ai débuté rapidement avec la gouache, permettant des décisions et contre-décisions rapides. Puis les huiles sont venues apporter un rythme plus lent, des marques plus décisives et la joie contenue dans la richesse des pigments (quelque chose de si agréable dans la matérialité de la peinture à l'huile). Et voilà, est apparue la cuisine extérieure où je préparais mon café et cuisinais. Je ne suis pas quelqu'un qui prend beaucoup de photos, les peintures jouent ce rôle, imprimant des souvenirs sur ma rétine et mon cœur pour longtemps.
Seascape : J'ai ensuite passé une semaine à Sète, où je me suis ressourcée quelques jours. M'habituant à la vie en van, reprenant l'habitude de dessiner, me baignant le plus souvent possible dans la mer et faisant de douces rencontres. J'ai peint ce paysage de bord de mer un jour légèrement maussade niveau météo, et je me souviens que mes émotions à ce moment précis n'étaient pas très différentes de celles du ciel : assez chargées, plutôt intenses, mais aussi fluides et changeantes, et laissant entrevoir l'espoir/ la lumière. - je chéris ces moments, dans lesquels je suis en capacité de ressentir pleinement la vie sans qu'elle le soit écrasante.
Tiroirs & amulettes
J’apprécie la façon dont les cadres peuvent transformer et mettre en valeur les peintures et c’est toujours un vrai plaisir de voir des collectionneurs choisir le cadre parfait pour mon travail. Cependant sur le plan personnel, je suis plus habituée à vivre mon peintures sans cadre, mais néanmoins “nichées”. Cela remonte probablement à l’enfance et aux photos de magazines sur les murs, trouver de la satisfaction dans la façon dont elles se connectent les unes aux autres.
Pour cette exposition, j’ai réutilisé des tiroirs de mon enfance, en les tournant à 90° pour qu’ils deviennent des étagères. J'avais déjà utilisé cette commode et l'avais transformée en escalier : j'aime le potentiel d'un tiroir à devenir autre chose ; comme une porte ou une fenêtre sur un autre monde, une invitation à imaginer différemment.
Une fois sur le mur, j'ai eu envie d'utiliser la qualité d'étagère de ces petits nids de peinture et j'y ai ajouté des objets qui me tiennent à cœur pour faire office de porte-bonheur. J'ai souvent l'impression que les tableaux se sentent mieux en se tenant compagnie, et leur donner des amulettes, c'est la même chose - bien sûr, en fin de compte, c'est surtout pour moi que je le fais, pour me sentir protégée. Je continue d’être nerveuse lorsque je présente mon travail, ces petits grigris m’aident.
Pour chaque peinture sa maison
J’ai été incroyablement touchée par le succès de cette exposition, au vu des connections entre vous visiteurs et les oeuvres, ainsi que plus concrètement par le fait que les deux tiers des peintures ont trouvé acquéreur lors du vernissage.
C'est pourquoi je peins, en espérant que certains de ces mondes pigmentés que je crée pourront à leur tour émouvoir quelqu'un et faire partie de sa vie. Cela signifie également que je peux continuer à peindre un peu plus longtemps.
Ici pour accéder au Catalogue d’exposition
N'hésitez pas à me contacter si l'une d'entre elles résonne :
- Daughter & Sun
- Daughter & Sea
- Sunshine
- Panther
- Nathalie, warm light
- Nathalie reading The Muse
- Dappled Light 2
- Georgian cafes (Left one has sold)
- Various studies (Top Left, Central one, Bottom Left, and Bottom Right have sold)
- Resting
Encore désolée pour le retard avec lequel je partage ce travail avec vous, je suis soulagée d'avoir enfin pu le faire !
Et maintenant, j'ai hâte de continuer à travailler sur de nouvelles peintures.
Bonus, moi et mon catsuit en toute discrétion lors du vernissage ;)