Couleur

Il y a encore peu j’aurais négligé les couleurs, désormais je les cherche avec joies. Si j’ai progressé cette année c’est grâce à la pratique et quelques stratégies qui m’ont rendue plus consciente de ce que je vois.

Pour moi → Peindre les couleurs m’aide à voir les couleurs

Juste avant de commencer mon diplôme en septembre 2017, j’ai étudié les bases théoriques de la couleur.

J’aime comprendre et me forger une image mentale de ces notions abstraites. Même si ça ne transparaissait pas encore dans mes peintures, cela m’aide énormément désormais (lorsque je mixe mes couleurs, je peins d’après mon imagination ou quand j'ai besoin d’aider la composition)


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Mes premières peintures n'étaient initialement pas très colorées ; je crois que j’avais décidé de me concentrer sur les tons dans un premier temps (ce qui était d'ores et déjà suffisant comme préoccupations).

Tandis que la lumière ou les ombres sont primordiales, la couleur est moins structurelle et s’avère plus personnelle.

Visualiser la tonalité d’une forme en faisant abstraction de sa couleur est loin d’être évident (car la couleur peut facilement être séduisante et prendre le pas sur la rigueur d’une observation).

L’une des premières palettes à laquelle j'ai été introduite est appelée la palette Zorn (d’après le peintre suédois Anders Zorn). Réduite, elle se compose de jaune ocre, rouge cadmium, blanc de titane et de noir ivoire (qui dans ce contexte joue le rôle d’un bleu).

Le noir devenant un bleu ? Ça m’a plu immédiatement !

J’aime l’idée que les couleurs ne sont que relatives à leur contexte et peuvent apparaître si différentes en fonction de ce qui les entoure.

→ Ce n’est pas copier littéralement sa référence mais être consistant dans son propre univers.

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Je crois que ce qui m’a fait progresser le plus a été de me mettre à nommer les couleurs. J’ai arrêté de dire “blanc/noir/gris/marron”, puisqu’ils correspondent à un ton (lumière et ombre) ou une saturation (gris référant à une couleur désaturée froide et marron désaturée chaude).

Je préfère ne pas être trop hésitante avec des “âtre” (jaunâtre, bleuâtre… ) mais j’essaie plutôt d’être définitive dans mes choix : dans un premier temps tout est soit une couleur primaire soit une couleur secondaire (jaune / orange / rouge / violet / bleu / vert)

Et même sans pinceaux, je continue à peindre dans ma tête, à regarder et à nommer (et fait bon usage du temps qui m’est donné lorsque je modèle).

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Peindre est comme un puzzle que l’on construit grâce à des ressources définies. J'aime considérer la couleur comme un outil supplémentaire à notre disposition.

Un changement de température chromatique peut rendre une forme plus proche ou plus lointaine (ce que j’ai compris en peignant le tableau à gauche, des couleurs froides ont permis aux pieds d’appairaître plus éloignés).

Les couleurs complémentaires créent de la tension. D’où mon choix du rouge dans l’ombre de cette figure relativement verte.

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Je mentionnais l’importance des tons et d’exercices en monochromes, pour autant désormais je peins rarement en noir et blanc et préfère réserver le dessin pour cela.

Mais peindre les tons + une température de couleur est un vrai plaisir et bien souvent déjà suffisamment de paramètres à gérer. Cela démarre avec des décisions binaires de couleurs chaudes ou froides et permet tout la complexité des tonalités et saturation.

La palette comprend un blanc, un marron (couleur chaude) et un bleu (couleur froide). Je prends plaisir à explorer différentes combinaisons (bleu acier / bleu phtalo) + (ombre brûlée / sienne brûlée). Je suis particulièrement fascinée par la manière dont certains bleus tendent vers le vert ou le violet à mesure qu'ils se mélangent à certains blancs (encore une fois, tout est relatif au nom qu’on lui donne).

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J’aime les choix binaires et ressources limitées, et me lancer des petits exercices (ou peut-être que j'aime simplement mes photos d’enfance et suis bonne à trouver des raisons pour m’y complaire).

J’ai beaucoup appris de ces petites gouaches. J’ai essayé de simplifier mon vocabulaire en le limitant en termes de couleurs et nuances: n’utiliser que des couleurs primaires saturées, ou simplement du vert et du jaune (peu heureux)...

Travailler à petite échelle me permet d'essayer de nombreuses options sans être embêtée si le plan de départ s’avère peu effectif.

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Utiliser des palettes limitées rend le processus plus accessible, les décisions sont garanties de se tenir les unes aux autres, et les possibilités semblent tout aussi infinies.

La peinture sur la droite a été faite avec simplement les trois couleurs primaires et un blanc, plus que suffisant pour me donner accès à toutes les couleurs que je voulais.

J’aime changer de palettes régulièrement et les tester au fur et à mesure d’une peinture. Peut-être pour le plaisir de chercher une destination sans carte ? et de découvrir l’étendue de mes possibilités, petit à petit, à mesure que je mixe mes couleurs.

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Il y a mille manières d’approcher la couleur : un esprit joueur est sans aucun doute ce qui marche pour moi.
Tout simplement, la vie offre tellement à voir, quel bonheur d’apprendre à la contempler !