Gouache & le Royal Institute of Painters in Water Colours
Je suis très heureuse que quatre de mes peintures aient été sélectionnées pour la prochaine exposition de l’institut. Pour la quatrième année consécutive, je prends ceci comme un grand encouragement dans mon développement avec le médium.
Voici une petite rétrospective sur mon amour de la gouache en corrélation avec le soutien de l’Institut, et pour commencer les six gouaches avec lesquelles j’ai postulé cette année.
Royal Institute of Painters in Water Colours, 210th exhibition
14.04 - 23.04, 10-17h
17 Carlton House Terrace
London SW1Y 5BD
Autoportrait avec 2 palettes, (à gauche) sélectionné
Je repose souvent ma tête sur ma main droite et j’aime voir comment les formes fusionnent et s’emboîtent. J’ai décidé d’opter pour deux palettes différentes : des couleurs primaires plus chaudes pour les ombres, et plus électriques dans la lumière. Je n’avais pas ma palette (physique) avec moi donc j’ai pressé les pigments dans le coin de la feuille et mélangé directement sur le yupo.
Autoportrait à 6 ans (à droite) sélectionné
Un deuxième autoportrait, cette fois à partir d’une photo que mes parents ont prise quand j’avais... six ans, j’imagine. La référence m’a encouragée à remplacer le bleu dans ma palette par un vert - et de jouer sur la combinaison complémentaire vert / rouge suggérée par la référence.
Sara et son carnet de croquis (à gauche) sélectionné
Faite au Barbican, avec mon amie Sara tandis qu’elle dessinait dans son gigantesque carnet de croquis. J’ai adoré cette la lumière de fin d’après-midi d’hiver qui équilibrait la chaleur de l’intérieur.
Photo de famille (à droite) sélectionnée
J’utilise régulièrement des photos d’enfance dans ma pratique. Les couleurs de celle-ci correspondaient à une palette Zorn (noir, rouge, ocre et blanc). Une peinture sur la famille et les souvenirs, ce qui gagne en sens et ce qui en perd. Mon frère et moi sommes plus saturés, nous séparant progressivement de la génération précédente. Pour moi, j’ai poussé le vert en utilisant de l’aquarelle. Je voulais peindre à la fois la connexion des gestes et la déconnexion de certains sentiments intérieurs.
Figure inclinée (à droite) non sélectionné
La semaine suivante, j’ai enfin repris le dessin de modèle vivant (je crois que c’était la première fois depuis le début de la pandémie). Je ne peux pas vous dire comme j’étais heureuse ! Cette gouache a été faite pendant la première première heure - d’abord en utilisant le médium de façon transparente (comme de l’aquarelle), puis plus opaque pour obtenir des formes de couleurs et de lumière comme dans un puzzle et finalement des marques plus fluides pour renforcer la structure à travers les lignes.
Autoportrait, actuel et laissé (ci-dessous) non sélectionné
La dernière pièce que j’ai soumise est composée de six petites peintures de ma main droite. Comme vous pouvez le lire dans le blog sur mes mains, elles ne ressemblent plus à ce qu’elles étaient à la naissance, de nombreuses chirurgies ont changé leur apparence au cours des années. J’ai toujours été triste de ne pas avoir de souvenirs clairs et des photos pour documenter tous ces changements. Je voulais explorer comment la peinture pouvait m’aider à remonter le temps. J’ai commencé par peindre ma main telle qu’elle est maintenant. Puis j’ai essayé de peindre ma main comme je m’en souvenais avant chaque opération, de gauche à droite. Malheureusement, les souvenirs sont de plus en plus flous à mesure que je remonte vers mes plus jeunes années, alors j’ai essayé de rester fidèle à ce sentiment et de laisser ce « premier autoportrait » plus insaisissable.
A gauche, les trois peintures qui ont été sélectionnées pour ma première exposition avec le RI en 2019.
C’était une vraie surprise ; je commençais à peine à explorer le médium et l’idée d’« être un artiste » ressemblait beaucoup plus à un rêve qu’à une carrière possible. Cette sélection m’a vraiment aidée à envisager une pratique au-delà de mes études, et m’a aussi encouragée à développer la gouache au delà de mon carnet de croquis.
Ci-dessus la gouache exposée l’année dernière en 2021. Ce premier hiver sous la pandémie a été très difficile et j’avais du mal à créer, mais cette exposition semblait être une bonne occasion pour essayer de décrire cet état conflictuel, mélangeant un moral très bas et la gratitude vis à vis de mon chez-moi.
L’exposition intermédiaire en 2020 a été déterminante. Quatre de mes peintures ont été acceptées et je n’en croyais pas mes yeux quand j’ai lu que la peinture Suzy (ici à droite) avait remporté le Leatherseller’s Award.
Cela m’a semblé être une étape très importante dans mon développement, me donnant davantage confiance en moi-même et en mon travail.
En peignant ces œuvres, j’ai une fois de plus visé à puiser dans l’immédiateté du médium et ses propensions à me faire reconnecter à l’enfance. Pour la première fois j’utilisais le papier yupo, une surface plastifiée faisant que la gouache se comporte différemment, allant de l’aspect aqueux de l’aquarelle à la viscosité des huiles. C’est aussi une surface qui ne tolère pas beaucoup de surmenage donc il y avait un sentiment d’instantanéité.
J’ai adoré les peindre et explorer des photos d’enfance pour cette occasion, et quel bonheur de gagner mon premier prix grâce à ça !
Avec l’artiste Richa Vora qui a acheté mon petit autoportrait lors de mon premier vernissage
Postuler pour Candidate
Cette année, j’ai également été invitée à soumettre ma candidature pour devenir membre. Pour cela, j’ai dû présenter un plus grand corpus de travail et réfléchir à ce que l’institut signifiait pour moi. Une candidature non victorieuse, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à préparer ma demande.
Je sais que devenir membre est un long processus et je fais confiance à la décision du jury à ce sujet; ce n’est pas pour tout de suite. Le fait d’être « rejetée » fait régulièrement partie de notre pratique, mais cette fois-ci, cela ne m’a pas semblé être le cas. Je suis toujours extrêmement reconnaissante que quatre peintures aient été acceptées cette année encore et je ne peux que me sentir soutenue dans ma carrière par cela. Quoi qu’il arrive, je continue à peindre !
Apparaissant dans le catalogue RI 2020 à côté de ma peinture Suzy, qui a reçu le prix
Premières gouaches,
dans le sketchbook
Enseignement
J’adore transmettre mon amour du médium! J’enseigne maintenant la gouache que les gens connaissent moins, en parallèle à une utilisation plus traditionnelle de l’aquarelle.
Pour moi, c’est un médium idéal, assez accessible, non toxique, et moins intimidant que peuvent l’^être l'aquarelle et l'huile. La gouache peut être appréciée sans connaissances techniques préalables, ou bien être développée dans une précision aussi rigoureuse qu’avec les mediums plus traditionaux.
La gouache est incroyablement polyvalente : elle peut être utilisée pour des marques très rapides et spontanées (parfait pour le dessin de modèle vivant, ou de petites cartes comme les fleurs sur la droite) ou pour des approches plus lentes pour des œuvres plus contrôlées. Apprendre à jouer avec les opacités et le mélange des couleurs en fait un médium idéal quel que soit le sujet ; cela peut être l’occasion de réaliser des peintures sur la lumière, les couleurs, les motifs… et tout ce qui attire l’attention sur le moment.
Comment le dire simplement ? J’adore la gouache et les occasions de l’enseigner !
Commissions
Je suis toujours si reconnaissante pour ceux d’entre vous qui m’accordent leur confiance avec des commissions ! Quand Wilson m’a approchée pour le portrait de Minnie (à gauche), je suis tombée amoureuse de toutes les couleurs que j’ai trouvées dans la fourrure et il me semblait logique d’utiliser la gouache pour ainsi la représenter (l’huile est merveilleuse, mais rien de tel que la gouache pour de telles saturations!). Comme je l’ai mentionné, peindre sur du papier yupo force aussi les marques à rester très présentes, sans les sur-travailler ; lors d’une commission il y a une certaine tension liée à cette immédiateté mais quel bonheur de voir la peinture peu à peu émerger.
Le portrait de Midnight (à droite) était une merveilleuse occasion de revisiter le processus, cette fois avec le défi supplémentaire de trouver des changements de couleur dans cette fourrure foncée, conservant la saturation la plus élevée pour seulement quelques poches de lumière provenant de la fenêtre.
J’ai tellement aimé les peindre ! N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez quelque chose de similaire !
Gouache & Huiles, jouer avec les surfaces
On dit que la gouache ne se met pas au dessus de l’huile. Ce qui est logique en termes physique, ce medium à base d’eau ne se plait pas sur les surfaces huileuses… Et c’est exactement ce que j’aime ! J’explore à l’encontre des règles, profitant de la résistance ainsi créée. J’adore peindre sur des surfaces qui ne laissent pas la gouache être absorbée et sécher complètement, sur du papier yupo ou même des toiles de lin. Parfois aussi j’utilise la gouache sur des oeuvres qui ont été commencées à l’huile, pour les finir ou comme couche intermédiaire. Cela me force à être très intentionnelle avec mes marques, sans sur-travailler. En conjonction avec l’huile, cela m’aide à reformuler la saturation, à simplifier certaines marques et à développer des surfaces texturées.
Je suis impatiente de développer mon utilisation du médium, de continuer à jouer avec les surfaces; d’encourager plus de gens à faire de même !