Pourquoi je fais ce que je fais ?

Il y a un an de ça, je passais mes vacances à remplir les pages de mon carnet de petites peintures en gouache, après deux merveilleux premiers trimestres à étudier dans le cadre de mon Diplôme de Portraiture.

Cependant, je n’étais toujours pas sûre de comprendre le concept derrière “faire de l’art”. Peut-être je pensais qu’il fallait une raison (une cause?) et j’avais des difficultés à me justifier à moi-même d’embarquer sur cette voie.

Ça a changé le 4 avril 2018, en tombant sur un podcast avec Nicolas Uribe. Il fait le lien entre des idées que j’avais déjà entendues de mes amis ou tuteurs, mais sans doute qu’il me fallait les réentendre une fois de plus, regroupées au même endroit.
Je me souviens assez clairement du plaisir de me dire au fond de moi :

Je vais peindre et dessiner (“faire de l’art”), puisque cela semble être une merveilleuse manière d’apprendre à me connaître moi-même ainsi que le monde qui m’entoure. La découverte de soi semble être une mission importante et honnête, et l’approcher de cette manière me procure énormément de bonheur. Ce qui est, en soi, une raison bien suffisante. ~

Dans un premier temps il était chouette d’apprécier simplement le faire, mais il est peut-être désormais temps d’amorcer une réflexion également.

N’hésitez pas à sauter d’un mot clef à l’autre, ou bien de lire l’entierté de mes pensées ci-dessous.
J’espère que vous pourrez y trouver de l’intérêt ♥

Life - Proches - Processus - Perceptions - Puzzles - Escaliers - Stratégies - Mémoire - Imagination

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J’adore travailler “from life” ; j’aime avoir un temps limité et créer une image avant que sa source s’en aille. J’aime également la nature changeante de ces conditions. Cela implique qu’il n’y a pas une vérité unique. Le défi est de rester alerte et tâcher de réagir à ces changements, de faire confiance à ses sensations.

Pour ces raisons, l’aventure télévisuelle du programme Portrait Artist of the Year était comme taillée sur mesure~

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J’adore mes proches ~
Je dévore du regard ceux qui m’entourent. Je les croque dans mes carnets pour enregistrer ce moment. Quand j'essaye de les peindre cela devient plus difficile, mais tellement merveilleux (mes amis sont si beaux).
C'est un peu comme pour le citron, mon cerveau pense connaitre cette personne sur le bout des doigts mais cela ne fonctionne vraiment que si je me débarrasse de mes suppositions et explore ces formes comme si je les voyais pour la première fois. Et si j'atteins un moment où mon cœur reconnaît ce qu'il cherchait, c'est un sentiment merveilleux.

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Je ne suis pas à la recherche d'une image finie, j'apprécie davantage le processus. La première étape est de trouver les termes du jeu, celui qui suscitera mon enthousiasme. Sur la petite peinture juste à côté, j'avais commencé par des coups de pinceau prévisibles : je peignais ce que je connaissais, et mon enthousiasme ne suivait pas vraiment. Et soudainement je me suis emballée quand j'ai essayé de résoudre le cheminement qui lier un genou à l'autre. Considérant le caractère abstrait de ce passage, il fallait espérer que l'image finirait par émerger si je me concentrais sur une étape à la foi, en comparant les marques à mesure que je les posais (comment arriver à la prochaine ? quelle est la différence ?). Je n'avais pas d'autre option que de regarder et d'être “dans le moment”.

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Quand j'avais pour habitude de méditer, l'effet bénéfique était avant tout dans la manière dont mes perceptions s’affinaient. Je me sentais plus réceptive du monde autour de moi, de ses stimuli sensoriels et tas de petites merveilles. Peindre me procure un effet similaire. À force de traquer formes et couleurs en peignant, même lorsque je cesse, mon esprit reste à l'affût. Par exemple, si je viens de peindre en utilisant une palette de couleurs spécifiques, j'ai tendance à voir le monde en ces termes pour la journée. Je ne m’ennuie plus : je continue pas à peindre même sans toile ou pinceau entre les mains.

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Peindre est commeun puzzles. J'aime me sentir perdue au début, chercher des solutions pour rendre compte de ce qui se trouve face à moi. Et quand je pensais peindre quelque chose de simple, jaime avoir tord. Par exemple pour ce citron, connaissant l'objet, j'ai dans un premier temps considéré sa rondeur et essayé de le décrire avec des courbes : une approche que je trouvais ennuyeuse et peu efficace. Il s'est avéré que changer ma stratégie pour des marques carrée, comme s'il s'agissait d'un motif abstrait, m'amusait davantage et m’a permis d'exprimer ce que je souhaitais.

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Récemment j'ai eu tendance à avoir le mot ‘staircase’ (escalier) en tête, et dans la première newsletter je vous faisais déjà part de mon amour pour les tangentes. Ce sont deux idées visuelles qui m'enthousiasment et je m'amuse à les mettre en jeu quand je peins. Comme des outils qui m'aident à fixer mes pensées, à me poser des questions et établir des plans d'investigation : comment passons-nous du coup à l'épaule ? (escalier potentiel), quelle est la différence entre deux formes (tangente potentielle) ou encore “ne serait-il pas rigolo de grouper ces deux choses ensemble ?”

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Identifier ce qui m’enthousiasme m'aide à trouver des stratégies pour ce qui, à l'inverse, ne m'excite pas immédiatement. Par exemple, j'ai du mal à peindre d'après photos : pas de contrainte de temps, et un peu trop prescriptives. Mais récemment j'ai trouvé une manière de mettre cette approche à mon goût : en commençant from life (même si ce n'est qu'un rapide sketch et quelques notes de couleurs) puis en continuant à l'aide de photographes. De cette manière je ne me sens pas contrainte par la référence, puisque les yeux et la lentille ont d'ores et déjà pris deux chemins différents. La photo permet de collecter des informations complémentaires, selon ce dont la peinture a besoin.

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En peignant de ma mémoire je me donne la merveilleuse opportunité de revivre un moment, pleine de gratitude pour l'avoir vécu en premier lieu.

Laisser place à mon imagination est tout aussi difficile que magique. C'est un peu comme redevenir un enfant et oser inventer des mondes. Oser appliquer ces marques sur la toile pour laisser ensuite l'instinct décider si ce sont les bonnes.

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Ouf, beaucoup de textes peut-être pour pas grand-chose.
Cela paraît un peu lourdaud de mettre des mots sur ce qui est avant tout une expérience.

 
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♥, peindre = danser